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La Commission de l’IA : Premier rapport

Installée en septembre 2023 par le gouvernement, la Commission de l’IA (intelligence artificielle) a pour mission de « contribuer à faire de la France un pays à la pointe de la révolution de l’IA ». Outre deux présidents et deux rapporteurs généraux, la Commission comprend 13 membres et 13 rapporteurs.

Le 13 mars 2023, elle a remis au Président de la République premier rapport. Celui-ci contenant 130 pages, est intitulé « IA : notre ambition pour la France ». Il comporte 25 recommandations. En voici un résumé.

L’intelligence artificielle (IA) est une révolution technologique majeure qui affecte tous les domaines de notre société. L’émergence soudaine de l’IA générative marque une étape importante de cette révolution. Nous devons tirer parti de l’IA en l’installant au service d’une ambition d’humanité, d’égalité, de solidarité, de justice, de prospérité et de liberté. L’IA ne doit susciter ni excès de pessimisme, ni excès d’optimisme. Elle ne remplacera pas l’humain et ne sera pas la solution à tous les défis. Cependant, son potentiel est considérable à long terme.

Commission de l'IA
Commission de l’intelligence artificielle

Une gouvernance mondiale selon la commission de l’IA

La France propose de fonder une gouvernance mondiale de l’IA avec une coalition de pays partageant les mêmes objectifs. Cela passerait par la création d’une Organisation mondiale de l’IA pour évaluer et encadrer les systèmes d’IA, d’un Fonds international pour l’IA au service de l’intérêt général et d’un mécanisme de solidarité “1% IA” pour les pays en voie de développement. Au niveau national, la France doit se placer parmi les pionniers de l’évaluation des systèmes d’IA.

Un déploiement humaniste de l’IA

Le déploiement de l’IA doit viser un objectif d’humanisme à travers 3 piliers :

  • Un plan de sensibilisation et de formation de la nation à l’IA, avec des débats publics, des lieux d’expérimentation, des formations à tout âge.
  • Un renouveau du dialogue social intégrant les enjeux de l’IA, avec une démarche partenariale et des investissements dans l’analyse des impacts sur l’emploi.
  • La mise des systèmes d’IA au profit de la qualité du service public. Ainsi, ils pourront contribuer à personnaliser l’éducation, la santé, l’accompagnement professionnel.

Un potentiel économique et social majeur

Si nous la déployons et la maîtrisons, l’IA devrait augmenter fortement la prospérité collective. Elle pourra également améliorer la qualité du travail et réduire les inégalités. La croissance économique annuelle pourrait doubler grâce à l’automatisation. L’IA semble aussi accélérer l’innovation de façon permanente. Dans les prochaines années, les systèmes d’IA transformeront de nombreux emplois. Globalement, il y aura des effets favorables malgré des défis de reconversion.

Le défi du retard de la France et de l’Europe

La France et l’Europe accusent un retard important dans l’économie du numérique et de l’IA par rapport aux États-Unis et à la Chine. L’économie du numérique est 2 à 3 fois plus faible en Europe qu’aux États-Unis. Ce retard s’explique par de multiples freins : méconnaissance des enjeux, aversion au risque, bureaucratie. Il n’est pas inéluctable mais il faut agir rapidement pour éviter un déclassement économique et une perte de souveraineté.

Innover pour maîtriser notre avenir

Pour faire émerger un écosystème d’IA européen, il faut agir sur 3 axes :

  • Réorienter structurellement l’épargne vers l’innovation et créer à court terme un fonds “France & IA” de 10 milliards d’euros.
  • Repenser la gouvernance de la donnée pour en faciliter l’accès. Il faudra alors réformer le mandat de la CNIL. Un piste serait d’appliquer la transparence des données d’entraînement des modèles d’IA et en explorant une gestion collective des données.
  • Faire de la France un pôle majeur de la puissance de calcul. Pour cela, il faudra sécuriser l’approvisionnement, en lançant des appels à projets de centres de calcul et en soutenant la demande par un crédit d’impôt IA.

Il s’agit de créer nos avantages comparatifs par un ciblage et une concentration des moyens sur certains segments de la chaîne de valeur de l’IA.

D’après la commission de l’IA, il faut miser sur l’ouverture des systèmes d’IA

Il faut veiller à l’émergence d’une diversité d’acteurs économiques européens de l’IA. Cela fait écho au risque de domination du marché par quelques acteurs américains. La politique européenne de concurrence doit être mobilisée pour prévenir les positions dominantes, avec une vision dynamique.
Il faut aussi soutenir un écosystème ouvert de développeurs d’IA, gage de transparence, de pluralisme et de concurrence. Cela passe par un cadre juridique sécurisé, des données de qualité et des capacités d’évaluation des modèles.
Enfin, il faut libérer les chercheurs des contraintes administratives. Il faudra donc assumer une “exception IA” dans la recherche publique : zéro entrave, revalorisation des rémunérations, doublement des moyens.

Conclusion de la commission de l’IA : Quel avenir à l’ère de l’IA ?

L’IA va continuer de progresser rapidement dans les années à venir. En effet, les modèles seront capables de raisonner, de comprendre le monde physique. L’IA nous accompagnera en continu via des assistants personnalisés. En outre, la robotique fera aussi des progrès majeurs.
Les transformations sociétales que susciteront ces innovations dépendront de notre ambition et de notre engagement collectif. L’IA peut réduire les inégalités. En effet, elle accroit la prospérité et améliorer la qualité du travail, mais ces bénéfices ne seront pas spontanés. Sans projet politique, l’IA peut affaiblir notre démocratie et concentrer les richesses.
La France et l’Europe doivent donc se donner les moyens de maîtriser l’IA. Pour cela, elles doivent en lancer une nouvelle stratégie d’ici fin 2024. À savoir que, les mesures devront être évaluées et révisées en continu vu le rythme des innovations. C’est une course de fond qu’il faut engager dès maintenant, en renforçant aussi la plasticité de nos organisations. Une démarche collégiale d’anticipation est indispensable pour préparer notre pays aux effets de cette révolution technologique.

Source : Rapport « IA : notre ambition pour la France »

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